Interview d’Olivier Lemaître, réalisateur de Lutèce 3D
Son entreprise : Olivier LEMAITRE commence par nous rappeler que deux bouleversements majeurs ont permis la découverte de Lutèce – mais aussi sa destruction d’une certaine manière – : les travaux d’Haussmann sous le Second Empire et ceux du métropolitain. Beaucoup des vestiges ainsi retrouvés sont stockés dans des entrepôts et non accessibles au grand public, ce que regrettent de nombreux Parisiens.
C’est de ce constat qu’est née l’idée de Lutèce 3D. Le projet a pour but de mettre en valeur le patrimoine perdu grâce aux nouvelles technologies.
Lutèce 3D ce sont donc des documentaires vidéo et des films d’exposition dévoilant les origines de Paris. Les films sont publiés sous format DVD et vendus dans des boutiques spécialisées et sur Internet. Les projets se font aussi au sein et avec l’aide des musées (entre autres le musée Carnavalet) afin de créer un musée en ligne, nouveau et ‘’révolutionnaire’’, qui saurait conquérir un public plus large et plus jeune. Il s’agit également d’installer des écrans multimédias dans les espaces culturels en vue de donner deux aspects du patrimoine, le traditionnel et le moderne, les deux se soutenant dans une volonté de complémentarité. Certains films sont aussi diffusés sur les grandes chaînes, dans le cadre d’émissions spécialisées telles que Des Racines et des Ailes, ou publiés sous forme de photographies dans des magazines (Cahiers sciences et vie par exemple).
Un premier documentaire, Lutèce 3D, est né en 2009.
Pour rebâtir virtuellement la ville, Olivier LEMAITRE s’inspire des bâtiments encore ‘’debout’’ appartenant à la sphère d’influence de Rome– il effectue des voyages à Rome et Pompéi – et qui suivent les mêmes codes architecturaux et les mêmes textures des pierres. Pour ce qui est de l’humain, il s’appuie sur les archives et les quelques objets du quotidien retrouvés. On Les personnages sont ajoutés ensuite – des figurants filmés sur fond vert.
Les partenaires du projet sont aussi bien des archéologues, qui aident pour les plans au sol des bâtiments, que des chercheurs, pour les détails architecturaux et les usages, mais également des associations et notamment celle de Gladius scutumque, qui organise des événements autour de la vie militaire et civile sous la Gaule romaine (http://www.gladius-scutumque.fr).
Actuellement, Olivier LEMAITRE travaille sur la mise à jour en 3D relief de Lutèce 3D en s’appuyant sur un scénario fictif, celui d’un jeune Romain qui arrive à Lutèce. Ce projet a pour sous-titre ‘’l’enfance perdue de Paris’’, ce qui traduit bien l’ambition du réalisateur. Celui-ci se lancera prochainement dans la reconstitution médiévale de la capitale, au temps de Charles V.
Son parcours : né à Paris en 1974, il suit un cursus d’Histoire en université, puis de sciences politiques et de littérature. Pour l’informatique, il s’est formé tout seul aux nouvelles technologies. Véritable autodidacte, il a fondé son entreprise de conception de documentaires 3D dans le but de changer la vision que l’on peut avoir des civilisations disparues.
Un peu d’Histoire : Entre 1852 et 1870, les travaux du baron Haussmann transforment Paris et permettent la découverte de ruines gallo-romaines. C’est Lutèce. Un oppidum gaulois, dont il reste peut-être quelques éléments à Nanterre, avait été détruit pendant la conquête, en -52, et reconstruit, pas seulement sur l’île de la Cité comme on l’a pensé longtemps, mais également dans l’actuel 5e arrondissement. Il y avait alors entre 5 000 et 10 000 habitants. Comme le signale poétiquement Olivier LEMAITRE, ‘’sous une mer de bitume a ressurgi une Atlantide’’.
Les vestiges retrouvés sont principalement des lieux publics comme l’aqueduc à Arcueil et le forum de la rue Soufflot, lieu de rencontre, aire politique… Mais il ne reste rien des habitations, ce qui est une déception pour les chercheurs.
D’autre part, il est devenu très difficile de faire des fouilles dans Paris, celles-ci sont préventives – avant des travaux – et restreintes à une petite surface et dans un temps donné.
La machine à remonter le temps 